La Fondation LRE et ses partenaires mettent actuellement en œuvre le projet « Retracing the Footsteps : Un voyage transnational de la libération canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale (REFOOT) ». Soutenue par le programme européen Interreg North-West Europe, l’initiative vise à développer un sentier de randonnée transnational qui retrace l’itinéraire emprunté par les soldats canadiens lors de la Libération de l’Europe occidentale pendant la Seconde Guerre mondiale. Le sentier s’étendra des plages de Normandie en France, en passant par la Belgique, et jusqu’aux Pays-Bas.
Cette initiative de commémoration et de tourisme est développée en collaboration avec plusieurs partenaires clés, dont le Centre Juno Beach en Normandie (France), le musée For Freedom à Knokke (Belgique) et LRE France. Isabelle Lebreton, directrice de LRE France, est chargée de la coordination et de la mise en œuvre du sentier en France. LRE Foundation s’est entretenu avec elle pour en savoir plus sur son rôle dans le projet et sur les progrès réalisés jusqu’à présent.
Quel est l’objectif du projet REFOOT ?
Ce projet vise à développer le premier sentier de randonnée transnational qui met en lumière l’effort canadien pendant la Seconde Guerre mondiale. Le sentier s’étendra de la France à l’Allemagne et reliera des sites historiques clés tout au long du parcours. Avec le soutien du programme européen Interreg North-West Europe, nous souhaitons promouvoir ce sentier comme un moyen plus durable et plus significatif de découvrir l’histoire.
Quelles sont vos tâches dans le cadre du projet ?
L’une de mes principales responsabilités consiste à définir le sentier lui-même. Avec le soutien de la Fédération Française de la Randonnée Pédestre, l’un de nos partenaires associés, j’ai identifié des sentiers de randonnée appropriés à travers la France. L’un des principaux défis a été d’aligner les sentiers existants avec une précision historique, ce qui n’est pas toujours évident.
J’ai également élaboré la carte de ce sentier et contribué à la mise en place des bornes qui seront placées sur certains sites le long du parcours, appelées « Vecteurs de mémoire ». En tant que coordinatrice du projet pour la France, je révise le contenu historique pour assurer la cohérence avec les points d’intérêt existants. Enfin, je soutiens la diffusion du projet en partageant les mises à jour au sein de notre réseau et en maintenant la communication avec nos partenaires.
Qu’est-ce qui fait que ce projet a du sens pour vous ?
Ce projet a beaucoup de sens pour moi et, honnêtement, j’ai l’impression que c’est quelque chose que nous aurions dû faire beaucoup plus tôt. Le rôle du Canada pendant la guerre est souvent sous-représenté dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Grâce à ce sentier, j’ai l’impression que nous donnons à cet effort une place tangible et que nous rendons ainsi hommage à tous les soldats canadiens qui ont contribué à la Libération de l’Europe. J’apprécie également le fait que nous partagions ces histoires de manière innovante et durable sur le site web et l’application liberationroute.com, ce qui nous aide à atteindre un public plus large, en particulier les jeunes générations.
Pourquoi le projet est-il si important pour les communautés locales et les générations futures ?
Le sentier canadien offre une occasion unique d’explorer l’histoire en profondeur, en mettant en lumière des sites connus et moins connus marqués par la Libération canadienne. Parce que le sentier passe à proximité des communautés locales, il devient à la fois accessible et significatif pour ceux qui vivent à proximité.
Le contenu historique est disponible sur l’application de la Route de la Libération, ce qui permet aux visiteurs de découvrir facilement les histoires qui se cachent derrière chaque site. De cette manière, nous pouvons également toucher un public plus jeune, en démontrant que la compréhension du passé est essentielle pour façonner l’avenir, et en reliant ce message à des thèmes plus larges tels que la durabilité et la sensibilisation au climat.
J’espère sincèrement que cette nouvelle façon de découvrir l’histoire incitera de nombreuses personnes à parcourir le sentier canadien.
Pouvez-vous nous raconter une histoire particulière que vous avez découverte au cours de votre travail sur le projet ?
Au cours de nos recherches, nous avons trouvé une photo très rare. Elle montre les tombes de deux soldats canadiens, entourés d’enfants de la région, dans ce qui semble être un jardin privé à Belbeuf, en Normandie. Une petite cérémonie semble avoir lieu. La photo nous a été transmise par Mme Dumont, une civile française, et elle est tout à fait inhabituelle. En effet, même si les soldats étaient souvent enterrés dans les champs, il est rare qu’un tel moment soit capturé.
Nous avons découvert plus tard que les tombes appartenaient au Major Ramsay et au bombardier Karos de la 2e division d’infanterie canadienne. Le 31 août 1944, ils étaient en train de repérer des emplacements pour l’artillerie lorsqu’ils ont rencontré un camion allemand. Karros fut tué sur le coup et Ramsay mourut plus tard à l’hôpital. Les tombes ont été entretenues par des villageois jusqu’en octobre 1945. Le 6 décembre 1945, Mme Dumont a envoyé une lettre au ministère de la Défense nationale, demandant si la photo pouvait être envoyée aux familles des soldats. C’est très touchant car cela montre, malgré tout ce qui se passait, l’attention, le respect et la gratitude des civils français à l’égard de ceux qui ont libéré le pays. Aujourd’hui, les deux hommes sont enterrés dans le cimetière canadien de Calais.
Les Sentiers canadiens nous ont permis de découvrir et de partager cette photo et l’histoire qui s’y rattache. Nous sommes fiers de pouvoir bientôt partager cet événement personnel dans le cadre de la Route de la Libération en Europe.
Qu’espérez-vous que les gens retiennent des sentiers canadiens ?
J’espère que de nombreuses personnes parcourront ces sentiers et découvriront ou apprendront davantage sur l’effort canadien. J’espère qu’ils rapporteront chez eux les histoires des femmes et des hommes qui se sont battus pour libérer l’Europe et qu’ils les partageront avec d’autres. J’espère surtout que les jeunes verront que l’histoire peut être apprise d’une nouvelle manière et significative.
